lundi 9 décembre 2013

Pour en finir avec les courbes de poids


Le poids, dernier article pour en finir avec les préjugés.


Depuis quelques années, nous assistons à la course au poids, ceci généré par une courbe de croissance sortie d'on ne sait où.

Pour bien comprendre l'inutilité d'associer le poids à la santé, d'autant plus en se basant sur cet unique référentiel, la fameuse courbe de poids que l'on peut lire sur le net, qui ne donne pas son protocole d'acquisition (période de naissance, nombre de furetons sur la portée, gabarit des géniteurs...), nous aborderons dans ce billet la croissance du furet en fonction de nombreux critères qui sont à prendre en compte, afin d'en finir avec cette aberration.


Commençons donc par le début.

La reproduction du furet est intimement liée à la photopériode, point qu'il n'est plus utile de développer. Dans notre hémisphère nord, les naissances ont lieu naturellement de mars à juillet. On s’aperçoit par expérience, que pour des portées comportant un effectif identique de furetons, à sevrage identique et soins vétérinaire strictement similaires, nos furetons naissant durant cette période dite naturelle, sont plus beaux, plus gros, plus actifs, bref mieux portants que les animaux qui naissent avant ou après.
Voici un premier critère d'une grande importance lors de l'établissement d'une courbe de poids qui se voudrait idéale.

Si nous prenons des animaux qui naissent en août par exemple, nous observerons un retard de croissance important. Ainsi, des furetons de 8 semaines pourront avoir l'apparence d'animaux de 6 semaines. Sont-ils moins sains, malades ou forcément fragiles ? Je ne le crois pas.

Pour étayer ce premier point, je vous invite à effectuer des recherches sur la saisonnalité de la reproduction caprine, on y trouvera des éléments très intéressants et transposables.

Autre point d'importance : la qualité du lait de la furette, ou plus largement la santé de l'animal.
Les femelles ne sont pas égales à ce niveau, certaines disposent d'un lait plus nourrissant, en plus grande quantité que d'autres. Une femelle fatiguée produira un lait de mauvaise qualité ou en quantité insuffisante. Bien évidement, cela impactera sur la croissance des jeunes.
Ainsi, pour des portées quasi identiques, nées au même instant, issues de femelles de même gabarit, nous pouvons voir des nuances importantes entre les furetons.

Troisième point non négligeable : le nombre de furetons sur la portée. A l'instar du lapin, par exemple, plus le nombre de petits est élevé, moins ils « profitent ». C'est pour cela que dans les campagnes, les anciens et les moins anciens qui ont su garder une culture de l'autonomie n'hésitent pas à sacrifier quelques lapereaux (généralement les plus faibles) si la portée est importante, ceci afin que la femelle ait une portée raisonnable et que les lapins bénéficient d'un sevrage de qualité, donc d'une bonne croissance, donc rapidement consommables.
Pour notre ami le furet, il en va de même. Nous ferons exactement le même constat. Une portée idéale ne devrait pas dépasser les 6 furetons, au delà, la croissance est moindre. (Attention, ce n'est pas une généralité, il existe des contre-exemples : des femelles capables d'assumer 12 ou 14 furetons sans souci ; c'est aussi le travail de sélection qui permet de repousser ces limites).

Dernier point, à considérer pleinement : la génétique.
Si le berger allemand n'engendre pas de caniche, le putois n'engendre pas de furet. Entendez par là que si vos furets sont naturellement de petits gabarits, vos furetons hériteront de cette caractéristique.
Actuellement, nous avons 2 femelles albinos de 5 mois, issues de portées comparables (en nombre), toutes deux ont eu exactement la même alimentation, même sevrage, même vermifuge ; la première pèse presque 1kg, la seconde 550gr.
De toute évidence, l'alimentation seule, lors du sevrage, ne peut pas expliquer cette différence de gabarit.






La prise de poids de notre fureton est donc multifactorielle. Nous devons prendre en considération la période de naissance, le nombre de juvéniles sur la portée, la qualité de la femelle reproductrice et bien entendu, la génétique.

A ces points, sur lesquels l'éleveur ne peut que difficilement intervenir, il faut maintenant ajouter deux autres facteurs qui eux, vont contribuer au développement de notre cher fureton : le type d'alimentation et la vermifugation.

Par expérience, et il n'est plus utile de revenir là dessus, l'alimentation carnée semble plus adaptée que l'alimentation sèche. Cela s'observe grâce à plusieurs éléments : activité, tonicité, gabarit, qualité du pelage etc etc...
En ce qui concerne la vermifugation, j'ai par le passé donné un protocole type qui a fait ses preuves, et très largement repris par les petits élevages, inutile là encore de revenir sur ce point.

Une alimentation inadaptée ainsi qu'un taux trop important de parasites influenceront bien évidement sur la croissance de l'animal. Le fureton restera longtemps chétif et ne se développera pas.


Voilà donc une première base qui nous permet de dire que l'on ne peut se référer à une seule courbe de poids dont l'obtention est plus qu'obscure.

Maintenant, pour établir une courbe de poids qui voudrait servir de support aux éleveurs, il faudrait, pour commencer, définir exactement les besoins nutritionnels du furet.
Une affaire des plus complexe puisque l'animal, soumis à la saisonnalité, n'a pas des besoins identiques selon la période de l'année. Et je ne parle pas des autres problématiques qui seront à prendre en compte si l'animal vit en appartement chauffé, si il est stérilisé etc etc...
A ce jour, les besoins nutritionnels du furet ne sont pas connus, bien malin celui qui s'avance à affirmer qu'il faut donner tel ou tel type d'aliment. Tout ce que l'on sait ne repose que sur des observations d'élevage et rien n'est scientifique.

Un petit peu d'histoire,
Notre putois domestique a été sélectionné depuis des siècles pour une fonction : la chasse. A ce titre, depuis des décennies, les chasseurs sélectionnent les gabarits les plus petits car à priori plus efficace dans cette activité qu'est la prise de lapins. Mettons de coté le régime alimentaire, puisqu'il semblait être relativement inadaptée, mais considérant que tous les furets étaient logés à la même enseigne dans les clapiers, la sélection était donc bien génétique et les petits gabarits liés à cela et non uniquement à la mauvaise alimentation.

De nos jours, dans ces mêmes clapiers, on ne trouve toujours pas de gros gabarits. Par le passé, j'ai composé une partie de mon cheptel avec ce type de furets. La descendance, avec un sevrage qui me paraît adapté, n'a jamais engendrée des animaux imposants.




A ce stade là de l'élevage, de nos connaissances en furet, il est utile aussi d'émettre des réserves quant à la potentielle obésité que pourrait engendrer cette course au poids.
Je m'explique.
Quel devrait être le poids idéal d'un furet ? (en fonction de la saison bien entendu) à cette question, personne ne peut répondre.

Aujourd'hui, trop de personnes semblent confondre santé et surpoids, ce qui sera catastrophique dans les années à venir. On sait par exemple, que chez le chien, sans parler d'obésité mais seulement d'une surcharge pondérale, c'est son espérance de vie qui est réduite. En effet, les animaux légèrement efflanqués ont une longévité accrue.
On observe parallèlement, une réduction de l'espérance de vie de nos furets de compagnie. Bien évidement, cela n'est pas imputable uniquement à un éventuel embonpoint, il est nécessaire de prendre en compte les conditions de maintenance.

En bref, le poids n'est pas garant de la santé, au contraire, et cela est vrai dans tout le règne animal.


Nous avons donc vu qu'à ce jour, nous ne savons pour ainsi dire rien : le poids idéal, les besoins alimentaire, l'alimentation...
Il est nécessaire de revenir sur ce dernier point : l'alimentation. On s'accorde volontiers à dire qu'une alimentation à base de proies est l'idéal... mais qu'en est-il vraiment ?
Si l'on en croit le Docteur G.Blanchard, cette alimentation est loin d'être satisfaisante : http://blog.cuisine-a-crocs.com/category/furet/

Si les selles sont le reflet de l'assimilation, de toute évidence, le poussin n'est pas complètement adapté.
Nous reconnaissons qu'il s'agit là d'une alimentation très largement acceptable et, ce qui facilite notre travail, très pratique. En aucun cas nous ne pouvons avec certitude que cette alimentation exclusive est la plus adaptée.

En bref, nous n'en avons pas encore fini avec ce sujet. Sachant que chez le chien, il est toujours d'actualité, il est donc fort probable que nous en parlions encore 50 ans...