Le principe de quarantaine,
Voici un billet afin de mieux comprendre le fonctionnement d'une quarantaine. En effet, un simple isolement de quelques jours sans en cerner les points clés est à peu près autant utile que d'habiller son furet.
Cette quarantaine, inévitable en élevage, est bien souvent mal faite par manque de connaissances ou par impatience, pis, par anthropomorphisme, le fléau de notre activité.
A quoi sert une quarantaine ?
Il existe 2 types de quarantaines, la première, lorsque l'on souhaite intégrer de nouveaux animaux dans notre cheptel de furet ; la seconde, lorsqu'un de nos propres furets présente des symptômes, nous devons l'isoler le temps d'être certain que la pathologie n'est pas transmissible.
Ici, nous nous attacherons essentiellement à la première, celle qui communément est préconisée sur le web bien que les enjeux ne soient pas forcément bien compris.
Nous lisons beaucoup d'interventions qui préconisent cet isolement afin d'écarter les risques d'ECE, d'ADV ou encore de mycobactériose... le temps d'effectuer les tests, avant d'intégrer les nouveaux arrivants. Bien entendu, il s'agit là d'un non sens. Pour protéger vos animaux de ces pathologies, il suffit de sélectionner vos nouvelles bêtes dans un élevage déjà testé contre ces maladies hautement contagieuses.
Piocher au petit bonheur la chance de nouveaux reproducteurs, les mettre en quarantaine en croisant les doigts qu'ils ne soient pas porteurs d'une entérite ou d'un parvovirus, c'est un peu jouer à la roulette russe.
Donc, on achète des animaux déjà testés ou issus d'un élevage testé, ainsi nous écartons ces problématiques.
Alors, à quoi sert la quarantaine si l'on n'acquière que des animaux sains ?
Et bien, à vrai dire, maladie de carré, ECE, ADV et autres maladies diabolisées sur le net ne sont pas les principales sources de mortalité en élevage. Notre ennemi, c'est le microbisme.
Qu'est-ce que le microbisme ?
On appelle microbisme, le développement, la persistance et les variations dans un milieu donné de la flore microbienne au sens large du terme. (Goret, 1954) Toma (1973) le définit de la manière suivante : ‘’Le terme de microbisme englobe un ensemble très disparate composé d’agent nuisibles ou indifférents voire utiles’’. Donc dans le microbisme tous les agents doivent être pris en considération, qu’ils soient bactéries, virus, champignons et éléments parasitaires microscopiques quelque soit le niveau de leur pouvoir pathogène.
Ces agents peuvent être classés en :
-
- Agents pathogènes essentiels, spécifiques ou non,
responsables des principales maladies.
- Agents pathogènes secondaires, n’ayant un rôle nuisible que dans des conditions particulières et ils sont souvent à l’origine de pathologie multi-factorielle. C’est le cas d’un grand nombre de bactéries et de champignons.
- Agents commensaux ou saprophytes. La limite de distinction entre le 2e et le 3e groupe ne peut être nette. Un certain nombre d’agents étant opportunistes.
- Agents microbiens utiles : C’est le cas de la flore qu’on cherche à implanter soit pour faire face à des agents pathogènes (exemple : salmonelles) ou pour orienter la fermentation des litières. (Drouin, 1988)
Ainsi, chaque élevage est porteur d'un microbisme spécifique.
La difficulté pour l'éleveur sera donc de procéder à cet échange de microbisme tout en limitant les risques à la fois pour son propre cheptel et à la fois pour les nouveaux venus sur la structure.
Déroulement d'une quarantaine :
Voici un protocole de quarantaine que nous utilisions.
Lors de l'arrivée d'un lot de nouveaux reproducteurs (septembre-octobre), les animaux sont logés ensemble dans un local dédié à cet effet : loin, très loin de notre élevage. L'entretien de ce local est effectué en dernier. Nous aborderons dans un autre article les principes de précaution dans l'élevage même, comme le sens de circulation. Donc, ces nouveaux reproducteurs sont alimentés, nettoyés et inspectés en fin de journée, après un passage par un pédiluve, une désinfection des mains et un changement de blouse.
Nos furets sont donc confortablement installés pour 60 jours pleins dans cette pièce. Durant ce laps de temps, nous surveillerons plus particulièrement les selles, la qualité du pelage, le poids... Nous procéderons à un stress de ce cheptel afin de mettre en évidence, par immunodépression, une éventuelle pathologie latente. Nous procéderons aussi à quelques tests coprologiques.
A l'issue de cette période, il s'agit maintenant d'échanger les microbismes de nos deux cheptels.
Ainsi, nous sommes dans l'obligation d'effectuer un mélange des animaux. Cela consistera à mettre un de nos anciens reproducteurs parmi les animaux composant le nouveau lot.
L'échange de microbisme doit durer au moins trente jours car il faut bien prendre en compte le temps d'incubation de certaines pathologies.
Ne mettez pas dans votre local de quarantaine un furet de votre cheptel qui compterait beaucoup dans votre plan d'élevage à venir, car sa survie est loin d'être garantie. Cet animal va vous servir de « fusible » pour protéger l'avenir de vos animaux.
A l'issue de cet échange de microbisme, si rien ne se déclare, nous pouvons donc intégrer le nouveau cheptel dans les locaux de l'élevage, à peu près sereinement.
Dans le cas contraire, on aura observé des diarrhées, des amaigrissements, des apathies... les animaux ne sont donc pas immunisés contre la flore de votre élevage, il convient de trouver rapidement le bon traitement. Ce dernier se limitera bien souvent à l'emploi d'anti-flagellés : vecoxan, océcoxil, flagyl, d'un antibio large ou/et d'un anti-bactérien.
De toute évidence, si la quarantaine n'est pas probante, il faudra la recommencer.
Bien entendu, si vous n'avez qu'un furet et que vous voulez en intégrer un autre, la quarantaine n'a quasi aucune utilité puisque tôt ou tard vous serez contraint d'échanger les microbismes.